...science des blasons, demeure méconnue et passe à tort pour ésotérique. Bien des profanes ont cru et continuent de croire que les armoiries sont des marques de noblesse. Or, nulle part en Europe occidentale, l'usage des armoiries n'a été réservé à une classe sociale. L'usage des armoiries appartient à tout le monde. Chaque individu, famille, collectivité, a toujours été libre d'adopter les armoiries qui lui plaisaient, à condition de ne pas usurper celles d'autrui. C'est un peu comme la carte de visite aujourd'hui, tout le monde est libre d'en posséder une, mais chacun n'en possède pas.
Les origines des armoiries ont souvent inspiré des théoriques que la recherche historique moderne a démenties. Il n'y a pas de lien direct entre les emblèmes de l'antiquité et les armoiries du Moyen Age. Les armoiries ne sont pas non plus la continuité de la tradition germano-scandinave des runes utilisées lors du 1er millénaire. Enfin, les armoiries n'ont pas été rapportées des Croisades.
Pourtant, c'est entre la première et la deuxième croisade (fin XIe - début XIIe) qu'elles sont apparues. D'une part, elles apparaissent suite à la transformation de la société féodale après l'an mille, d'autre part à l'évolution de l' équipement militaire.
Comment reconnaître un seigneur, voire ses propres compagnons d'armes, quand on porte le même haubert, le même casque, et qu'on est couvert de boue, de sueur et de sang ? En adoptant un blason, de préférence facile à distinguer. Il n'y a pas eu d'emblée de "code" du blason, et si des "lois" ont été forgées par l'usage, celui-ci a avant tout recherché le côté pratique de l'usage des armoiries, à savoir la lisibilité. C'est ainsi que les couleurs se subdivisent en métaux (or et argent, soit jaune et blanc) et en émaux (gueules, azur, sinople et sable, soit respectivement rouge, bleu, vert et noir). A de rares exceptions près, il est "interdit" de poser émail sur émail ou métal sur métal.
L'héraldique est un " alphabet " comportant quelques règles simples :
- le contraste de quelques couleurs absolues, sans nuances : un bleu - l'azur, un rouge - le gueules, un noir - le sable, un vert - le sinople placés sur un fond jaune ou blanc, l'or ou l'argent.
Ou bien l'inverse, le blanc et le jaune sur une couleur.
À cela s'ajoutent des fourrures - l'hermine et le vair et c'est tout.
- des partitions géométriques : coupé en deux, parti - coupé en quatre, écartelé - en huit, contre écartelé etc.
- une forte stylisation des symboles, les meubles, animaux ou objets, peu d'humain, représentés de profil ou pleine face, sans nuances.
C'est un système simple basé sur le contraste, avec un langage descriptif codé, le blasonnement. Lorsque l'on pénètre dans ce monde de signes et d'histoire, c'est la découverte d'un héritage, d'un patrimoine, toujours d'une richesse et d'une actualité que l'on ne peut pas soupçonner !
C'est également une quête, parfois difficile, exigeante, mais qui vous le rend bien. Ce sont des portes qui s'ouvrent...
Merci, Messieurs les Hérauts !
Ecartelé de sable et d'or à l'aigle bicephale au vol abaissé de l'un en l'autre, armée, becquée, lampassée et illuminée de gueule.