De sable et d'or
Je fut conçu lors d'un retour inattendu du chevalier à la licorne dragonnée, mon père, au domaine familiale en la (dixième année de notre hardi Philippe ou 13e de Charles VI... à vérifier). Il estoit devenu le capitaine d'une compagnie de mercenaires qui sevissoit dans le Languedoc. Un contrat louche l'avoit fait revenir dans notre brabant. Je ne le vit pour la première fois qu'à mon 5ème printemps. Il estoit venu me chercher pour me former, il vouloit que je reprenne les commandes de sa troupe une fois adulte.
Ses compagnons m'apploient "p'tit flo". C'estoit une gaille du vieux d'Orbencourt évidemment ! C'estoit en rapport avec la taille de mon braquemart de page. Je repris à mon compte ce surnom sans complexe une fois sa taille adulte : Tiflo.
Et puis c'estoit plus facile afin de nous distinguer car je portois le même nom que mon paternel : le chef "Andrieu Dervenn, dit le fourbe". Il me racomptois l'histoire de la compagnie, de Martin Grifoul et ses exploits.
Sous la bannière d'azur et d'argent à l'aigle bicéphale, nous parcourions la France au gré des contrats. Le fourbe estoit expert dans les attaques surprises, il avoit compris que l'affrontement de face en terrain découvert n'estoit que l'orgueil d'une chevalerie maintes fois battue. Point harnois blanc en nos rangs, les armures estoient patinées d'huile au charbon afin de passer sournois à la tombée de la nuit, au petit matin ou dans les sombres forests. Hélas pour nos bailleurs, souvent notre dû le refusoient sous moultes prétextes... bien mal leur en prit, la mort et le pillage leur en coûta. Mais bientôt, à force de pillage, nos têtes furent recherchées un peu partout en domaine du Hardi comme ceux de Charles le cinquième ou d'Henry IV l'usurpateur. Jean sans Peur, et puis Armaniacs, Bourguignons, assassinats, traitre accord de Jean sans Peur avec l'anglois et ses godons, chaque fief changeoit de mains sans prévenir; il ne faisoit plus bon de traîner en terre de France. La troupe se concerta, nous décidâmes de changer de chemins.
Nous partîmes par bateau avec quelques fidèles compagnons découvrir d'autres contrées plus au nord en cette année 1408.
C'est au royaume de Danemark que nous accostâmes. J'y rencontrai Dagi Fauvelle lors d'une beuverie et sans accordailles... vos voyez de quoi je parle? Si la petite Violette... notre fillotte! J'ai du prendre Dagi en épousailles un mois plus tard au risque d'être occis par les biens pensants du village! Mais la vie sédentaire n'estoit point pour nous. Nous entendîmes parler de contrats juteux plus à l'est par delà le Saint Empire.
Nous reprîmes la mer à bord d'une nef hanséatique. C'estoit de vils commerçants et nous tombâmes dans une vendetta sûrement méritée. Pris à parti, nous dûmes nous défendre à dix contre un. Nos compagnons trepassoient les uns après les autres. Romain Maltevert, Germain d'Avesnes, Ronan, Tristan, Boissec et puis Andrieu mon père succombèrent. Thibault d'Orbencourt nous poussa moi et Dagi à l'eau et nous suivit à son tour. J'estoit furieux et vouloit retourner sur le bateau pour venger mon père et nos compagnons. Je me battit avec Thibault dans l'eau mais je du me rendre à l'évidence : il avoit raison le vieux, il falloit sauver Dagi et l'enfant à naistre.
C'estoit après là que je décide d'adapter mes couleurs d'or et de sable sur l'étendard de la compagnie car j'en pris bien malgré mois la tête.
C'estoit ainsi que nous nous retrouvâmes engagés à estourbir ces orgueuilleux Teutons à la bataille de Grunwald (1410). J'aimois dire la ressemblance entre ceux là et les batailles de la grande chevalerie française. Les mêmes erreurs, la même prétention et... la même défaite !
Apres Tanneberg, nous longeons la Vistule puis le Danube jusqu'à Constantinople. Nous passons en cinq ans par Varsovie, Cracovie, Vienne, Bude, Belgrade, Nicopolis et enfin Constantinople qu'on atteint en 1415. Là on aprend la defaite d'Azincourt et decidons de revenir en France. Passons par la mer et debarquons en Sicile, remontons toute l'Italie ; Naples, Rome, Florence, Gene. Arrivons en France, le seigneur de St Guilhem nous propose un marché... débarasser la région du tyran capitaine de st Jean qui menace de prendre St Guilhem et maltraite sa populace. Si nous y arrivons, il nous promet la vallée de la Buege en contrepartie ! Chose faite !!!
Nous sommes en 1418, alors que Paris vivoit le massacre des Armaniacs et tombe aux mains de l'anglois. Ayant ce pied à terre nous recommençons nos contrats un peu partout en France et actuellement nous sommes en 1429 alors qu'Orlean est assiégée par l'anglais et qu'on parle d'une mystérieuse Jeanne qui mène les troupes...
Andrieu Dervenn dit le poilu (votre chef actuel!)